Le 33? Cas Clinique présenté au CNPK
Présentation générale
Ce 33? cas clinique a été identifié au pavillon des femmes sous la supervision du Dr NSAVYUMUKAMA Liliane et avec l’appui d’une équipe multidisciplinaire. Il s’agit d’une adolescente de 14 ans, et le choix de ce cas repose sur plusieurs éléments pertinents : l’âge de la patiente, le choix et les effets secondaires des neuroleptiques en pédopsychiatrie et la difficulté de la patiente à prendre des médicaments par voie orale.
Présentation de la patiente
La patiente est la troisième d’une fratrie de six enfants (quatre garçons et deux filles), tous vivants. Elle est née d’une grossesse désirée. Scolarisée jusqu’en 7? année, elle a dû interrompre sa scolarité à cause de sa maladie. Elle était auparavant considérée comme une élève brillante. Entre la 4? et la 5? année, elle a vécu chez son oncle paternel à Bujumbura, mais des conflits avec la femme de ce dernier ont conduit à son retour chez ses parents.
Dynamique familiale
Le contexte familial de la patiente est marqué par une grande instabilité. À l’âge de 7 ans, son père a entamé une relation extra-conjugale, entraînant des tensions conjugales et familiales importantes. Une fille est née de cette relation, et l'entourage faisait des remarques sur la ressemblance physique entre cette dernière et la patiente, ce qui a pu affecter psychologiquement cette dernière.
Motif de consultation
La patiente a été amenée au @CNP_Kamenge le 6 mai 2025, accompagnée de son père et de son oncle paternel. Elle présentait un tableau psychiatrique sévère évoluant depuis environ deux semaines : mutisme total, déshabillage en public, refus de s’alimenter, insomnie, incontinence urinaire et fécale, agressivité physique, délires de persécution, hallucinations visuelles. L'examen psychiatrique réalisé aux urgences a mis en évidence un syndrome dépressif, délirant et dissociatif, et l’hypothèse diagnostique retenue a été une psychose juvénile.
Prise en charge
Après 48 heures passées aux urgences, la patiente a été admise en hospitalisation. Elle présentait des difficultés à prendre les médicaments par voie orale, ce qui a nécessité l’administration de neuroleptiques injectables. Or, ces traitements injectables n’étaient pas spécifiquement adaptés à son âge, ce qui a conduit à l’apparition d’effets secondaires, entravant la qualité de la prise en charge.
Face à ces complications, l’équipe a privilégié une approche non médicamenteuse, centrée sur : le soutien psychosocial, l’ergothérapie, l’accompagnement spirituel. Cette approche a permis une évolution favorable de l’état de la patiente.
Difficultés rencontrées
- Effets secondaires importants liés aux neuroleptiques injectables
- Refus de prise médicamenteuse par voie orale
- Nombre insuffisant de séances de psychothérapie, à cause du nombre élevé des patients dans le service.
Discussion
La patiente est une adolescente qui a connu une dynamique familiale perturbée. Elle a présenté des effets secondaires sous neuroleptiques en cours du suivi en hospitalisation. Cependant, les neuroleptiques utilisés pour traiter certains troubles psychiatriques chez les adolescents peuvent entrainer une variété d’effets secondaires tant physiques que psychologiques. Ces effets varient en fonction du médicament spécifique, de la dose, de la durée du traitement et de la sensibilité individuelle.
Recommandations
L’équipe multidisciplinaire qui a étudié sur ce cas recommande :
- Le renforcement des capacités du personnel en psychopharmacologie pédiatrique
- L’augmentation des ressources humaines, notamment en psychologues.
- La séparation des enfants et des adultes en hospitalisation, afin de favoriser un environnement de soins plus adapté aux jeunes patients
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