Centre Neuro-Psychiatrique de Kamenge

Ru00e9fu00e9rence Nationale en Santu00e9 Mentale

Le 31e Cas Clinique : présentation et exposé

Le 31e cas clinique a été présenté le jeudi 8 mai 2025 au @CNP_Kamenge par une équipe multidisciplinaire dirigée par le Dr Marie Neige KANEZA, accompagnée de la psychiatre Dr Godelieve NIMUBONA.

De gauche à droite: Dr KANEZA M. Neige qui a présenté le cas, Dr psychiatre NIMUBONA Godelive, Dr NSAVYUMUKAMA Liliane, Dr ARAKAZA  Lionel

Motifs du choix du cas

Ce cas a été retenu en raison : d’une faible réponse aux traitements psychotropes, d’une hospitalisation prolongée sans rémission malgré une réévaluation régulière du traitement, d’une complexité diagnostique initiale et d’une évolution favorable après la prise en charge étiologique adaptée.

Présentation du patient

Il s’agit d’un homme de 63 ans, agent communal retraité, marié, ayant des antécédents familiaux de troubles mentaux (chez ses neveux). Il a été admis au CNP Kamenge le 17 septembre 2024, accompagné de son épouse, pour la prise en charge d’un trouble mental évoluant depuis 2023, avec une rechute remontant à 4 mois, faisant suite à une infection intercurrente (IT).

 

Tableau clinique à l’admission

Le patient présentait une symptomatologie psychiatrique riche, notamment : délires polymorphes (empoisonnement, persécution), hallucinations : auditives, visuelles et tactiles, errance pathologique, agressivité verbale et physique, insomnie, collectionnisme, désorientation temporo-spatiale, instabilité psychomotrice, soliloquie, anosognosie, incurie.

  • Examen psychiatrique

À l’examen, le patient était : Calme, correctement vêtu, présentait une humeur neutre, un contact syntone, tenait des propos incohérents.

En effet, deux hypothèses ont été posées : Psychose chronique à tendance schizophrénique, psychose chronique délirante. Un traitement à la fois médicamenteux et non médicamenteux a été mis en place.

Évolution clinique et prise en charge

Malgré plus de deux mois d’hospitalisation, l’état du patient restait préoccupant : refus de prise médicamenteuse, incontinence, désintérêt pour l’hygiène.

Après mise sous neuroleptiques, les symptômes psychotiques ont régressé, laissant place à un syndrome confusionnel et dépressif.

Un scanner cérébral a alors été réalisé, révélant une hydrocéphalie tri-ventriculaire modérée sans obstacle visible, en faveur d'une hydrocéphalie à pression normale (HPN), évoquant un syndrome d'Adams et Hakim.

Exploration neurologique

Suite à ce diagnostic, le neurochirurgien a proposé la réalisation de ponctions lombaires évacuatrices de 50cc, à raison de trois reprises.

Après une nette amélioration clinique, notamment la disparition des symptômes psychiatriques, le patient a été autorisé à sortir et orienté vers un suivi neurochirurgical pour la poursuite de la prise en charge organique.

Difficultés rencontrées

  • Collecte d’informations rendue difficile par l’état mental du patient,
  • Discours incohérent rendant l’anamnèse peu fiable,
  • Retard diagnostic dû à la prédominance initiale des symptômes psychiatriques.

Vue partielle des participants

Conclusion

Ce cas met en lumière l’importance d’une évaluation globale et systématique face à tout tableau psychiatrique, notamment chez un patient âgé, afin : de ne pas négliger une cause organique sous-jacente, d’éviter des erreurs diagnostiques, et de garantir une prise en charge adaptée et sécurisée.

Les manifestations psychiatriques de ce patient étaient en réalité secondaires à une hydrocéphalie à pression normale, initialement méconnue. Cela rappelle que tout trouble psychiatrique atypique ou résistant au traitement doit faire l’objet d’un bilan organique approfondi.